Ça se passe du 01 juillet au 28 septembre 2008 à la galerie du Jeu de paume. 270 de ses oeuvres sont exposées, ce qui n’est pas négligeable quand on voit que parfois certaines expos se targuent d’avoir untel ou une telle, avec à peine une vingtaine de photos perdues sur de grands murs blancs (non je n’ai pas digéré les 20 photos de Larry Clark à la MEP, heureusement que ce jour là j’y ai découvert Martine Barrat dans une autre salle bien plus fournie…).
Richard Avedon – Photographies 1946 – 2004
du 01 juillet au 28 septembre 2008
1 place de la Concorde dans le 8ème
Entrée : 7€
Bon à savoir : entrée gratuite pour les étudiants et les moins de 26 ans le dernier mardi de chaque mois, de 17h à 21h
J’y suis donc allée samedi dernier en début d’après midi avec un bon bouquin, parce que je pensais faire la queue pendant des heures. Ô joie à mon arrivée, une ligne de 10 personnes maxi attendait, en 10 minutes j’étais déjà à l’intérieur (ceux de la file d’attente que j’ai croisé à la sortie 2 heures après on eu moins de chance, la queue descendait jusqu’en bas des escaliers devant le métro…).
L’exposition s’enchaîne très bien, les textes explicatifs sont bien choisis et le chronologie parfaite. Si vous avez le temps à la fin, en bas allez à l’auditorium voir le film qui est consacré à l’artiste. La première partie est très intéressante, on y voir ses séances avec ses modèles, beaucoup d’explications et d’anecdotes par lui même et d’autres personnes qui l’ont côtoyé ou travaillé avec lui… La fin est un peu moins intéressante d’un point de vue de son travail, on parle surtout de l’homme.
Je connaissais Richard Avedon surtout pour sa série “Into the American West”, et un peu ses portraits et photos de mode.
Voici les photos qui m’ont le plus marquée durant ma visite…
On commence évidement avec Dovima avec les éléphants, en grand, spectaculaire dés l’entrée, dans un cadre sans verre, la photo est là majestueuse avec ce mouvement. Le mouvement presque obsession de Avedon, sa signature.
Ce qui me frappe également c’est l’age des mannequins, plus matures que les adolescentes de 16 ans qui peuplent les revues de mode aujourd’hui. Tellement plus de classe… C’est peut-être pour ça que je suis si peu intéressée par la photographie de mode actuelle, les modèles sont trop jeunes, trop maigres, trop différentes de moi. Non pas que je me sente plus proche d’une Suzy Parker ou Dovima, mais j’ai quand même moins de difficulté à apprécier les photos quand mon oeil ne se focalise pas sur les os et les corps pas encore formés de ces jeunes filles. (voilà ça c’était pour la vieille leçon de moral dont je me suis faite la réflexion pendant que j’admirais les photos d’Avedon :p )
J’ai eu le sentiments que les photographies d’Avedon montrent parfois très peu les vêtements, plutôt que de mettre en valeur uniquement une pièce, il créée un univers tout entier autour de lui. C’est aussi ce qu’est la mode, pas juste un vêtement, mais également une façon de vivre, une ambiance, un mode de vie… Richard Avedon a su donner tout cela à la photo de mode.
Les photos du studio à Paris, et sa verrière, m’ont également beaucoup frappée. Là il occulte le décor et créée presque un tableau avec chacune de ses modèles. Et le fait que ce soit des épreuves de Harper’s bazar apporte un petit côté authentique que j’adore.
J’entre ensuite dans la salle des portraits, et tout de suite en apercevant de loin les photos, je sais que je vais encore plus aimé que la partie précédente. Bien sûr il y en a des dizaines que je connais déjà, mais l’expo est vraiment bien fournie et j’en découvre beaucoup.
Parmi les connues il y a évidement Marilyn, divine et mystérieuse, comme je l’aime. J’ai une admiration sans borne pour la femme au delà de l’actrice. Pour sa vie et sa façon de la vivre. Et ce portrait où son regard est plein de stupeur et de tristesse me touche plus que n’importe quelle autre photo de l’actrice.
Découverte ici, Avedon a l’air de particulièrement affectionner les visage marqués, les hommes ou femmes d’un certain age où les rides ne peuvent plus être cachées. Cette photographie de Marcel Duchamp en est l’exemple et surtout un de mes portraits préférés.
Le Duck et la Duchesse de York, le visage défait. Apparemment parce que lors de la séance Avedon a su trouver les mots pour les toucher. Il a parlé de son chien mort écrasé. Vieille ruse pour obtenir l’expression et le regard parfait qu’il avait en tête…
Malheureusement je n’ai pas trouvé sur internet 2 photos qui m’ont vraiment marquées, celles de Dick Hickock, le tueur rendu célèbre à cause (ou grâce?) à Truman Capote et sa nouvelle “In cold blood”, et celle de son père Walter Hickock. Je pense qu’il faut les voir pour comprendre leur profondeur, voir le regard incroyable de Dick Hickock et sa ressemblance frappante avec son père.
La période La factory, avec Andy Warhol. J’aime sur ces photos le contraste avec les 3 autres de Paul McCartney et son regard fuyant, à la fois espiègle et triste.
Bon forcement c’est Janis, autre femme que j’admire particulièrement. Avedon a su capter sa gaîté et sa joie enfantine, pourtant c’est de ce petit bout de femme que sort cette grande voix.
Peu de mots pour dire ce qui m’a plus dans cette photo, elle m’évoque la douleur, un aspect de Warhol que je ne connais pas. Je ne sais d’ailleurs absolument pas d’où viennent ces cicatrices.
Les photos de son père dans les dernières années de sa vie sont aussi quelque chose qui m’a interpellé, parfois fait un peu de mal. Pourtant on sent la tendresse qu’il a mit dedans. Peut-être l’envie de le garder sur papier pour toujours. Pour ces photos il est important de voir le film de l’auditorium, il apporte beaucoup d’éléments.
Arrive enfin la partie que j’attendais le plus, celle de “In the American West” 79-84. Une plongée dans les Etats-Unis de l’Ouest, celle où la peau de ses habitants travailleurs et ouvriers est parsemée de tâches de rousseur, habituée à être brûlée par le soleil de plomb qui la domine.
Beaucoup de visages de femme m’ont marqué, notamment celui de Debbie Mc Intyre. Je ne savais plus où donner de la tête avec tout ces visages qui m’appelaient et qui avaient tous une histoire à raconter, une émotion à me faire passer.
Et puis bien sûr le visage et le regard de Billy Mudd, une photo hypnotique. Ça m’a beaucoup touché de l’entendre parler de sa photo dans le film de l’auditorium, quand Avedon est retourné voir certains de ces modèles quelques années plus tard.
Je finirai cette note sur le visage presque surréaliste, comme une peinture ou une retouche, de cet homme (et il y en a beaucoup d’autres à voir) couvert de pétrole, de terre, de boue… cette texture qui forme une peinture abstraite sur sa peau.
Un grand bravo à Richard Avedon qui aura sans hésitation marqué l’histoire de la photographie ainsi que mon après midi d’Août 2008.
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